« — Ooh, un auteur et un journaliste ! Voilà qui est passionnant ! déclara une femme assise à la table à droite de celle de Dumont et qui roulait ses « r » de façon gutturale. J’ai l’impression d’être au théâtre ! Permettez-moi donc de me présenter à mon tour : je suis Diana Niedermeier.
Elle avait une soixantaine d’années, peut-être, avec une longue figure poudrée, une large bouche et des yeux qui disparaissaient sous d’épaisses paupières. Elle m’évoquait vaguement un cheval qu’on aurait enveloppé dans une robe.
— Puisque nous sommes tous amis, annonça madame Niedermeier, je vais vous dire un secret. Voilà… j’ai un don, dit-elle sur un ton solennel. Je suis un peu médium. Lorsque je dis un peu… oh, inutile de cacher la vérité, n’est-ce pas ? Je suis médium ! Je dois vivre avec, autant l’assumer !
— Très bien, très bien, dit Fontaine en riant. Alors, dites-moi ce qui m’attend pour ce voyage.
Elle retourna encore trois cartes : le Bateleur, le Diable, la Mort.
— Je suis désolée ! déclara-t-elle. J’ai dû mal mélanger mon paquet.
Les cartes furent mélangées, battues, les esprits invoqués, les cartes retournées. Le Bateleur, le Diable, la Mort. Elle fit mélanger le paquet par son neveu, puis tira à nouveau trois cartes.