III. 28 octobre, Paris, Gare de l’Est. Départ 19h30.
À 7 heures 20 du soir, je me tenais sur le quai de la Gare de l’Est, mal à l’aise dans l’ancien habit noir de Monsieur, avec ses gants, usés et trop larges, et son chapeau haut-de-forme élimé qui glissait sans cesse sur mes cheveux trop courts.
Je venais à peine de quitter les rues familières de Paris sous leur ciel brumeux d’octobre. Devant moi, dans un brouhaha assourdissant, une foule de gens se pressait, allait et venait, s’embrassait, se congratulait, se donnait de dernières recommandations, se souhaitait bon voyage. C’était un ballet étourdissant de tenues d’hiver toutes neuves : cols montants, plis bouffants sur les hanches, profusion de rubans, petites mèches bouclées s’échappant des chapeaux. Je ne reconnus aucun visage. Je ne voyais que des frous-frous.
— Ne reste pas dans le passage, empoté ! me dit Monsieur en s’engageant dans la mer de monde comme si la gare toute entière lui appartenait, fendant la foule en jouant des épaules.
— Laissez passer, laissez passer !